"T'es un putain de pacifiste de mort, mais je t'apprécie."
Un mec que je ne connaissais pas, et qui visiblement me connaissait un peu.
Le festival d'Aurillac est une douce folie. C'est une rencontre d'artistes et de gens plus ou moins marginaux, où on cherche avant tout à s'amuser.
J'y suis allé pour la première fois lors de cette édition 2016 et j'en retire une expérience riche et agréable. Il y a des spectacles payants en périphérie, mais pour ma part je suis resté dans le centre-ville où j'ai pu arpenter les rues, m'arrêter, regarder un spectacle, donner des sous à l'artiste si ça me plaît.
Il y avait une effervescence monstrueuse. Un bouche-à-oreille colossal, les smartphones tombent et les gens se parlent. L'ambiance était très humaine.
Au niveau des spectacles, il y a eu une pièce de théâtre à une seule personne endossant de façon impressionnante plusieurs rôles très différents, des chansons sans aucun sens mais avec plein de jeux de mots, un clown ventriloque, des marionnettes à l'ancienne, un type qui nous raconte l'histoire d'Aurillac le long d'une promenade avec des déformations loufoques genre de l'aligot et de la truffade qui jaillit des volcans, des acrobates nous offrant en duo un spectacle très mécanique basé sur un cerceau de métal, un appareil photo ancien à pose de dix minutes, une machine à écrire, un quizz musical avec des buzzers.
Au niveau des restaurants, il y avait de l'aligot, de la truffade, de la saucisse, de la bière artisanale super douce, des nems et samoussas végétariens, bio et maison, du kurtosh. J'avais acheté tellement de barquettes d'aligot qu'à un moment, la barquette ils me l'ont offerte.
Au niveau des graffitis, y en avait partout. J'en ai rajouté un bon paquet, avec un style que certains reconnaissent. Je privilégiais le classique "Faites l'amour, pas la guerre.". En bonus, des autocollants SARCE, avec le symbole du système électrique idéal, une électricité propre, renouvelable, suffisante et pas chère. Ce sera cool le jour où des gens le tagueront sur les murs.
Un mec a trouvé le moyen de se mettre à poil à côté d'un bar. Je rêve où c'est toujours les mecs qui commencent à faire ça ? Mais ça c'est pas grave, ce qui est grave c'est les casseurs qui ont foutu le feu.
C'étaient des gros cons. Ils ont mis le feu place des Carmes, ils ont fait une barricade avec des grillages, ils ont renversé les poubelles par-terre. C'est eux qui avaient commencé, j'allais pas me mettre de leur côté, ni de celui des flics non plus, faut pas déconner. J'ai crié : "FAITES L'AMOUR, PAS LA GUERRE !". Je leur ai dit d'arrêter leurs conneries. La suite j'en sais rien, j'avais envie de m'amuser et je suis parti, c'est marrant juste à-côté de tout ça y avait un Bar de la Paix.
Tandis que des jeunes femmes proposaient des free hugs, un mec proposait des free cunis. Pour ma part j'ai expérimenté une nouvelle technique de drague avec une approche mythologique, l'histoire de création du monde shintoïste avec les dieux Izanami et Izanagi, la vraie, pas celle qu'on raconte aux enfants.
Le festival est ouvert à tous. Cette année l'affiche montrait un homme en costard agréablement étonné avec un ballot de poireaux, fidèle à la volonté des organisateurs de briser les barrières sociales. Je ne sais pas ce qu'ils en pensent, mais je veux que les classes sociales disparaissent.