11/07/2011

Dilemme (non, Catherine, va t'en !)

Je ferai l'effort de ne faire aucun spoiler.

J'ai fini la trilogie Les fourmis de Bernard Werber. Je suis jaloux de cet écrivain : ses descriptions sublimes, son vocabulaire si riche, sa culture si vaste... Les centaines de petites idées qu'il faut avoir, qu'il a, et qui parsèment ses livres.

Quand je pense au premier roman que je suis en train d'écrire, je ne fais pas le poids.

Mais je sais comment il a fait. Et c'est tout simple. Son secret, c'est la vie sociale.

Je me sens coupable pour tout le travail universitaire que j'ai en retard : le cours de nucléaire que j'ai lamentablement séché et que je dois rattraper, le compte-rendu de TP qui aux dernières nouvelles n'a pas été fait, plus les TD de mécanique quantique, de nucléaire et de sciences du solide que je n'ai hélas pas pu faire durant les vacances de la Toussaint.

Et là, j'ai presque envie de tout plaquer. Enfin pas tout : juste les études.
Apprendre à connaitre les militants de la FSE, discuter de sciences et d'autres choses avec des élèves de ma classe... Rencontrer des gens à la cité U, danser certaines soirées, aussi...
Avoir une vie sociale conséquente. Merde.

Je ne me sens pas de taille à affronter les épreuves sociales et économiques qui s'imposeraient si je délaissais les cours...
Et pourtant... La vie sociale, l'effervescence sociale, est si tentante.

Que dois-je faire ? Une année sabbatique de plus ? La première a foiré, mais ça, c'était parce que je militais avec des bras cassés face à une bande de bureaucrates beaucoup plus forts : forcément, seul contre tous, on va pas bien loin...

Et je rêve de trouver l'amour. Quelle plaie que rien n'ait marché ! Il faut dire que j'ai été aussi stupide, parfois.

...

Peut-être faut-il que je trouve un compromis.

J. Il travaillait 10 à 12 h par semaine hors des exams en 3ème année de licence de physique. Et il a eu 17 de moyenne.
Comment il a fait ? Je l'ai observé, et je crois avoir des éléments de réponse à la question.
Ce mec là, en cours, il est extrêmement attentif. Il écoute, mais à un point ! J'avais bien essayé de faire pareil, en L2, mais ça n'a pas marché. Non, moi il faut que je me distraie, que me reviennent certaines obsessions, que je perde le fil d'une façon ou d'une autre. L'esprit de digression. Force et faiblesse.
J. Je serai bien incapable de faire comme lui.
Putain, j'ai l'impression d'être face à un dilemme.

Dormir moins ? Pas si facile...

...

J'ai réfléchi, et ben je suis pas fait pour faire technicien. Je suis trop intellectuel pour ces choses là. Et puis j'ai une si forte envie de créer...

Je crois que je suis fait pour la recherche, mais que la recherche n'est pas faite pour moi. Au risque de paraitre méprisant, je dirais que ce n'est là qu'une assemblée de gens prétendument scientifiques qui touchent à des trucs gigantesques et qui sont incapables d'avoir la dose de conscience morale suffisante pour manier leur savoir sans risquer, disons, de façon imagée, de se bruler. Ou de bruler les autres.
J'avoue, j'ai été un peu méchant sur le coup... -_- Mais çe me tue de ramer autant à la fac de physique et de voir sans cesse tous les jours les mêmes conneries. De la part des profs. Et des élèves qui les suivent.

Je me vengerai.

Puisque je dois me venger, que je m'attelle dès maintenant à mon travail courant. CM de mécanique quantique, TD de la même matière et TD de sciences du solide.

Courage.

6 commentaires:

  1. Et oui qu'il est difficile d'allier une vie sociale avec une scolarité à la faculté...


    De mon expérience passée (je suis diplômé de master de physique de Grenoble), j'ai réussi à allier une scolarité, une vie sociale et une vie "politique". Mais pour autant, d'après ce commentaire, vous payer aujourd'hui, non pas la problématique d'un système, mais un manque de rigueur accumulé depuis la première année. Oui la faculté est un système qui nous oblige à se débrouiller seul. Oui la faculté nous rabâche d'année en année et de matière en matière les mêmes théorèmes et théories. Mais il est si facile de critiquer un système avant de se poser des questions sur soi-même. Je dirais que c'est humain.

    Normalement, au niveau où vous arrivez, vous devriez être capable de commencer à voir les problématiques de la physique moderne. Les théories séduisantes d'une matière ne sont pas vérifier dans une autre.

    A la phrase : "J'ai réfléchi, et ben je suis pas fait pour faire technicien. Je suis trop intellectuel pour ces choses là. Et puis j'ai une si forte envie de créer...". J'ai envie de répondre que vous faites preuve d'une grande immaturité et d'une fermeture d'esprit encore plus grande. Une personne faisant de technique est donc si "inférieur" qu'il ne peut créer quelques choses? Je dirais que ceux sont ces personnes qui ont la réelle créativité.


    Critiquer les gens de la recherche alors que vous voulez (vouliez) vous orienter vers cette filière est peut être... imprudent diront nous. Une question me brûle les lèvres: Pourquoi vouloir rejoindre une carrière que vous critiquez? Ces gens "prétendument scientifiques" ont, selon moi, de plus grandes
    connaissances sur le domaine et un sens de la physique surement plus développé. Mais je ne m'étendrais pas sur ce sujet. Je dirai simplement que tous n'ont pas les compétences pour enseigner, mais ne faisons pas d'amalgame.


    Ramer tous les jours dans cette filière signifie 1/soit le signal pour vous de passer à autre chose 2/Soit le temps de se dire qu'il faut se "sacrifier" la période qu'il faudra pour obtenir finalement un M2 qui permettra d'aboutir au à la thèse souhaité ou aux (meilleurs) entreprises.
    Oui la faculté est ouverte à tous, mais au final, n'est-ce pas un quotas d'entrée qui régit l'admission de chaque M2? Vous apprendrez peut être, et cela bien malgré vous si vous continuez sur cette voie, que pour pouvoir entrer dans le monde de la physique, il n'y a de la place que les meilleurs, je rajouterai: heureusement

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  2. Toi, t'as jamais rencontré de technicien pour dire des conneries pareilles. Comme tu dis : "on a le droit de dire des conneries, mais au bout d'un moment, il faut se rendre compte que c'est des conneries et arrêter de les dire." Va ptetre falloir penser à t'arrêter d'écrire tout court.

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  3. Le Ribosome masqué20 novembre 2011 à 15:20

    Penses tu vraiment qu'en arretant la fac tu arriveras enfin à avoir une vie sociale?

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  4. "De mon expérience passée (je suis diplômé de master de physique de Grenoble)"

    Quels diplômes ? Et tu fais quoi maintenant ? J'aimerais savoir.

    "vous payer aujourd'hui, non pas la problématique d'un système, mais un manque de rigueur accumulé depuis la première année."

    Ah bon ?

    "Oui la faculté nous rabâche d'année en année et de matière en matière les mêmes théorèmes et théories."

    Je ne parlais pas de ça, mais des erreurs récurrentes du genre "la fonction f(x)"...

    "Une personne faisant de technique est donc si "inférieur" qu'il ne peut créer quelques choses?"

    Non, quand je disais "technicien", je pensais à des gens qui exécutent les ordres qu'on leur donne en entreprise sans qu'on leur laisse une marge de créativité... Mais assurément, les techniciens peuvent être des inventeurs.

    "Je dirais que ceux sont ces personnes qui ont la réelle créativité."

    Oh, pas plus que les chercheurs ou les artistes...

    "Pourquoi vouloir rejoindre une carrière que vous critiquez?"

    Ce n'est pas la carrière que je critique, mais les multiples erreurs que font les gens qui sont dedans.

    "Ces gens "prétendument scientifiques" ont, selon moi, de plus grandes
    connaissances sur le domaine et un sens de la physique surement plus développé."

    Ils ont peut-être aussi plus de préjugés... Moi je préfère avoir une tête bien faite plutôt qu'une tête bien pleine. Le sens physique, ça viendra avec l'expérience : observations, expérimentations, faites ou relatées...

    "Vous apprendrez peut être, et cela bien malgré vous si vous continuez sur cette voie, que pour pouvoir entrer dans le monde de la physique, il n'y a de la place que les meilleurs, je rajouterai: heureusement "

    Ce bout de texte m'a beaucoup marqué. Ça sonne élitiste.

    Il n'y a de la place que pour les meilleurs ? Soit. Quand je vois les lacunes terribles en bases mathématiques qu'ont les "physiciens" que je connais (fonctions, syllogismes, argumentation dans les calculs, notations des ensembles de nombres...), qu'est-ce que les meilleurs sont nuls ! Je ne peux m'empêcher de penser : nous sommes tous nuls ! On délivre des prix Nobel pour des découvertes pas si énormes que ça... Niels Bohr a eu le prix Nobel pour la description quantique des éléments avec un seul électron, c'est pitoyable par rapport à tous les éléments qui existent... Et puis Einstein a eu le prix Nobel pour la description de l'effet photoélectrique alors qu'il suffisait grosso modo d'introduire une nouvelle particule...

    Un jour mon prof de maths avait tenu un propos de ce genre : "Que ferait un bon matheux ? [...] Que ferait un... physicien, pour ne pas faire d'oxymore ?". Bref, il sous-entendait qu'il n'y a pas un seul bon physicien. Et j'ai tendance à croire qu'il a raison.

    Il n'y a de la place que pour les meilleurs ? Du coup on ne laisse pas les gens faire ce qu'ils veulent ?

    La fac sélectionne les esprits scolaires, et l'expérience me prouve que ce ne sont pas toujours les plus intelligents. Ces trois choses (beaucoup de chercheurs sont nuls, on laisse pas les gens faire ce qu'ils veulent, la fac sélectionne plutôt les plus scolaires que les meilleurs) me mettent plutôt en désaccord avec plusieurs éléments de ton bout de texte. Le point de désaccord le plus élémentaire ? Je préfère qu'on laisse les gens être libres de choisir leur propre destinée.

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  5. "Toi, t'as jamais rencontré de technicien pour dire des conneries pareilles. "

    Oh, je connais bien plusieurs ouvriers ou ex ouvriers, je ne sais pas si ce sont des techniciens. J'aimerais bien savoir quelles sont ces "conneries pareilles".

    "Comme tu dis : "on a le droit de dire des conneries, mais au bout d'un moment, il faut se rendre compte que c'est des conneries et arrêter de les dire." Va ptetre falloir penser à t'arrêter d'écrire tout court. "

    Mais non, ce serait m'empêcher de dire un truc bien au moment où j'aurai un truc bien à dire, ce qui arrivera forcément.

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  6. "Penses tu vraiment qu'en arretant la fac tu arriveras enfin à avoir une vie sociale? "

    Absolument, j'ai déjà une vie sociale. Elle n'est pas très riche, mais elle existe.

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Rappelez-vous : on a le droit de dire des conneries, mais au bout d'un moment, il faut se rendre compte que c'est des conneries et arrêter de les dire.